Les critiques internes contre le Forum Social Mondial ne sont pas nouvelles. À vrai dire, elles sont aussi anciennes que le FSM lui même. Dès 2002, les participants au campement international de la jeunesse avaient organisé des manif et des actions contre le « carré VIP », réservé aux intervenants invités par le Comité Organisateur.
Le conseil international a alors décidé de supprimer les séances plénière, et de passer à un programme 100% auto-organisé. Pour éviter de déboucher sur une dilution des thématiques (multiplication des ateliers, augmentation du bruit de fond) le Conseil International a prévu d’organiser un processus dit « d’agglutination » (regroupement d’ateliers traitant d’un même thèmes, par coordination, fusion, etc.).
C’est ce dernier élément, le plus complexe à mettre en oeuvre, qui n’a jamais véritablement fonctionné. Et il explique également le chaos logistique dont chacun fait l’expérience à Dakar: pas moins de 140 salles étaient nécessaires pour tenir l’ensemble des ateliers prévus au programme du forum.
Mais les critique de 2002 et 2003 n’avaient pas seulement débouché sur plus d’auto-organisation. Elles avaient également fait émergé une nouvelle dimension au FSM : le forum n’était plus seulement un espace de socialisation et de mobilisation, mais aussi un lieu d’expérimentation.
Réduire le nombre des activités et chercher à construire un site dédié au Forum sont des objectifs essentiels – ici à Dakar, le FSM est un succès, tant la mobilisation est importante, mais on est passé tout près de la catastrophe.
Les locaux de l’université Cheikh Anta Diop ne sont pas adaptés à l’esprit d’un forum, et la nécessité de lier, dans un espace restreint, des lieux propices à des déambulations, des rencontres au hasard au détour d’une allée, des ateliers, des manifestations, des espaces d’expression spontanés.