Wendy est une ancienne ouvrière – chez Chrysler (automobile), Delphi et American Axles and Manifacturing – AAM (sous-traitants auto). Enseignante de français, elle est venue faire ses études en France, à Aix-en-Provence, juste après mai 68. Fille de militants (mouvement pour les droits civiques, mouvement anti-guerre – auquel elle a elle-même participé), elle y découvre le socialisme, en fréquentant les (rares) Aixois de la fac de droit qui adhèrent au PSU. De retour chez elle, à Chicago, elle décide, comme d’autres militants, de partir s’établir en usine. Pour elle, ce sera à Detroit. Le début d’une quarantaine d’années de luttes, de grèves, de campagnes et de turbin, dans une ville en plein bouleversements, dont les usines cherchent à tuer tout mouvement syndical offensif.
Les crises successives donnant de la force aux stratégies les plus anti-syndicales des managers et dirigeants (telle usine ferme pour réouvrir sans réembaucher les militants les plus actifs), les syndicats s’accommodent le plus souvent d’un rôle de subalterne qui accompagne les politiques patronales de réduction des salaires et de diminution des droits sociaux. Elle a donc participé à la création de « Labor Notes », pour construire des ponts entre mouvements sociaux et mouvement syndical. Labor notes (qui publie un mensuel) organise tous les 2/3 ans une conférence mondiale des militants syndicaux du monde entier (de Solidaires, par exemple, pour la France).
Wendy est donc un témoin direct, actif, de l’histoire ouvrière de Detroit et de son déclin. Elle nous a donc fait visiter une bonne partie de la ville. Les anciens chantiers navals – d’où est partie l’histoire industrielle de la ville : les compétences des ouvriers des chantiers ont poussé Ford, Chrysler et General Motors à venir s’installer à Detroit ; les usines abandonnées (notamment un gigantesque bâtiment de feu Packard) ; les chaînes plus récentes… pour finir par American Axles and Manifacturing (AAM).
Un ensemble de bâtiments récents, comme neufs, et pourtant vides. Les dirigeants de AAM ont racheté tout un quartier, détruisant les maisons, pour y construire des petits bâtiments, entourés de nombreux espaces verts. Le tout est situé juste à côté de Hamtramck, une petite enclave indépendante dans la ville de Detroit. AAM y a racheté la plupart des cafés, aussitôt fermés : les dirigeants entendaient ainsi s’assurer de la productivité de leurs ouvriers. Le syndicat de Wendy, le United Automobile Workers Union n’a, de plan social en pressions contre ses militants, plus qu’un représentant dans l’usine. Son siège est donc à vendre, comme tant d’autres bâtiments de Detroit.
Photos : Jean-Paul Duarte
tres bon article a la lecture fluide.
Des salaries qui passent leurs vies a servir des multinationales surpuissantes et qui hurlent au desespoir lorsque celles-ci les virent…? Des salaries qui se battent et luttes pour pouvoir continuer a servir ces multinationales et a se faire exploiter par elles…?
Sortons de l’hypocrisie.
Un monde ou les Ford et WallMart paieraient decemment leurs salaries et respecteraient leur dignite, n’est pas non plus le monde que leguer a mes enfants. Il y a une erreur d’aiguillage.